Thèmes de la BD québécoise

Je ne sais pas s'il est pertinent ici de tenter une synthèse personnelle des caractéristiques de la BD québécoise depuis 1968. Bah, pourquoi pas, ce sera un début.

Force est de constater que c'est l'humour qui marche le mieux en BD au Québec, un peu comme les spectacles et les théâtres d'été, parce que c'est ce qui a le plus de chance de se vendre. La BD sans humour a moins de chance d'être publiée et ne pourrait survivre. Les gens doivent donc percevoir, et avec raison, la BD québécoise comme étant intrinsèquement liée à l'humour.

On note, et ce depuis les débuts en 1914, que "[...] le héros de la bdq du début du siècle est souvent un agent dégradeur de son propre sort; quoi qu'il entreprenne, la tentative échoue." (Jean Véronneau, Stratégie, nø13-14, 1979, p.64)], un culte de l'anti- héros. On dirait que le héros québécois est un incapable, sans ambition, habitué de perdre et d'être soumis. Rien de comparable avec la vision qu'ont les Américains d'eux-mêmes avec les super-héros, ou les Européens, avec leurs personnages curieux et aventureux. Jusqu'à quel point la mentalité d'un peuple peut-elle se refléter dans sa BD? Voilà un autre sujet passionnant à débattre, qui relève du domaine de l'analyse des idéologies.

Les créateurs, en général, entretiennent peu de rapport avec la littérature et le cinéma québécois. La BD québécoise va plutôt chercher ses sources dans l'actualité (celle des journaux et de la télévision), dans les histoires populaires offertes par la télévision et le cinéma, ainsi que dans les autres BD. Il s'agit donc d'un milieu qui, à la source, s'exclut de la littérature, d'où la difficulté d'établir des rapports. Et je ne suis pas plus surpris que le milieu littéraire, de son côté, soit aussi ignare de la BD. Mais peut-être pourrait-on les rapprocher par le biais de la socio-critique, à la manière de Marc Angenot. Les deux ne s'inscrivent-ils pas dans le même discours social?

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