Carrière dans la BD

Celui qui veut faire carrière en bande dessinée, au Québec, devrait d'abord se demander ce qu'il veut mettre dans son sandwich. S'il est capable d'endurer le baloney de longues années, il a une chance de réussir. Puis, il devrait se trouver un magazine ou un quotidien pour le publier. Lancer tout de suite un album sans prépublication ne peut se faire sans une somme assez importante. Et pourtant, l'histoire de la bande dessinée au Québec s'est écrite grâce à des gens qui n'avait pas le dégoût du baloney, ni la crainte de voir des toiles d'araignée dans leur porte-monnaie.

Pourtant aussi, il arrive souvent que des auteurs se choisissent une autre carrière après un ou deux albums seulement. On se rend compte bien vite que non seulement on ne fera pas fortune, mais qu'en plus de ne pouvoir en vivre la publication de l'album coûte de l'argent à l'auteur. Un auteur ne se dépensera pas deux fois pour les mêmes piètres résultats.

Afin de favoriser la création, il existe depuis 1987 des bourses annuelles du Conseil des Arts, spécialement destinées aux créateurs de BD. Il y en a une grosse, de 10 000.00 dollars, ainsi que des petites, dont le montant tourne aux alentours de 5000.00 dollars.

Les auteurs ne se gênent pas pour puiser dans leurs propres contextes sociaux, reproduisant les sites et les valeurs culturelles du Québec. Voilà un aspect qui devrait attirer le public lecteur du Québec, puisqu'il pourrait s'y retrouver en terrain familier. Mais il n'en est pas ainsi, parce que beaucoup d'auteurs versent dans l'expérimentation graphique, ne visant qu'un public maniaque de performance en BD, donc spécialisé et forcément restreint.

L'auteur québécois ne cherche surtout pas à imiter un prédécesseur, pis, un prédécesseur européen ou américain, et fera tout pour affirmer sa spécificité. Ne voulant être le disciple de personne, le bédéiste québécois fait des efforts pour se démarquer par un style bien personnel. Le public local n'est pas toujours prêt à accepter ces divergences par rapport aux normes européennes et américaines auxquelles il est habitué. De toute façon, la BD québécoise ne participe pas à la BD internationale et elle le sait.

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